L'Autopilot de Tesla est-il légal?

(Paris, le 28 décembre 2015)

Depuis octobre dernier les conducteurs de Model S du groupe Tesla, qui ont téléchargé la mise à jour logicielle 7.0 et qui avaient souscrit l’option Autopilot, ont pu activer des fonctions d’assistance à la conduite. Leur berline électrique peut notamment gérer automatiquement les distances de sécurité sur autoroute, grâce au régulateur de vitesse dynamique qui agit sur les freins et le moteur électrique. Pas de souci : ce système existe déjà chez plusieurs constructeurs. La voiture peut aussi s’aligner dans la file, en se repérant par rapport au marquage au sol. Là encore pas d’obstacle : le Lane Keeping Assist est usité depuis des années.

En revanche,Tesla propose un changement de file assisté par ordinateur. C’est bien le conducteur qui déclenche la fonction, en activant le clignotant. Mais ensuite, c'est la voiture qui déboîte et se rabat. Et c’est là que peut se poser la question de la légalité de cette apllication. Certains médias américains l’ont fait, mais la réponse n’est pas évidente, car aux Etats-Unis, chaque Etat a une réglementation routière différente. Et comme chacun sait, ce qui n’est pas interdit est donc autorisé.

Mais, quid de l’Europe ?

La même fonction d’aide au changement de file va être lancée par Mercedes sur la Classe E au printemps 2016. Le système a pour nom Active Lane Change Assist. Actif entre 80 et 180 km/h, le système se base sur les capteurs (caméra et radars), ainsi que sur le système de navigation qui affiche le nombre de voies sur autoroute, et bien sûr sur la direction assistée. La différence avec Tesla, c’est que la firme à l’étoile a fait approuver ce dispositif par le ministère fédéral des transports en Allemagne et qu'une demande a été faite pour l'étendre à l'Europe.

Tesla n’a pas fait cette demande. « Tandis que les voitures entièrement autonomes ne seront pas disponibles avant plusieurs années, le Pilote automatique Tesla fonctionne comme les systèmes utilisés par les pilotes des avions de ligne quand les conditions sont idéales. Le conducteur est toujours responsable du véhicule, et en garde bien entendu le contrôle », écrit le constructeur californien sur son blog.

En fait, suite à des vidéos qui ont fait polémique, avec des conducteurs qui s’affichaient derrière le volant en levant les mains (voire assis à l’arrière), la marque a dû préciser qu’il fallait garder les mains sur le volant. Un léger détail qui n’était pas précisé au départ. Dans une interview à Bloomberg, le fondateur de Tesla, Elon Musk, affirmait il y a un an qu’on n’en est pas encore au stade de pouvoir s’endormir en voiture et que c’est le conducteur qui est considéré comme responsable en cas d’accident. La fonction Autopilot va donc être bridée pour éviter que les clients ne fassent n’importe quoi.

Clairement, Tesla profite d’un flou juridique. D’autant qu’il n’a pas eu à faire homologuer les dernières versions de Model S, vu que la mise à jour se fait en continu. Mais, les acteurs de l’automobile restent prudents et tiennent à demeurer dans le cadre légal pour éviter tout problème. Si l’Amérique entend pousser le véhicule autonome, comme l’a déjà affirmé le secrétaire d’Etat aux Transports, Anthony Foxx, d’autres pays pourraient y mettre le holà. Ainsi l’Australie, qui a autorisé des premiers tests sur route ouverte, considère qu’il faut regarder attentivement les modèles équipés de cette technologie avant de les autoriser sur le marché.

Si des accidents devaient se produire, des juristes pourraient demander à Tesla des comptes. Au risque de refroidir l’ardeur de certains acteurs.