Le GNV peut-il devenir une alternative crédible ?

(Paris, le 31 octobre 2017)

Une station au GNV a été inaugurée à Mortagne-sur-Sèvre, près de Cholet en Vendée courant octobre. Il s’agit d’une station au bio-méthane, alimentée par une ferme de méthanisation située juste à côté.

C’est donc un bon exemple d’économie circulaire, avec une transformation du lisier d’animaux et de graisses alimentaires en un gaz épuré et compatible avec les moteurs de voitures ou de poids-lourds. Fiat (1) est le leader incontesté de la filière, avec une offre assez large sur sa gamme (Panda, Punto, Doblo, Fiorino, Ducato). Le constructeur n’avance qu’avec du bio-méthane, les émissions de CO2 sont abaissées en théorie à 5 g par km, selon un cycle du puits à la roue par rapport à l’essence. En temps normal, le GNV réduit de 20 % les rejets de CO2 et de 50 % les oxydes d’azote.

L’inauguration, en grande pompe, a permis d’apprendre que le Sydev (syndicat départemental d’énergie en Vendée) comptait ouvrir 7 stations de plus au GNV dans les 5 ans. Pour sa part, le représentant du GRDF a annoncé que la filière gaz se fixait pour objectif l’ouverture de 600 stations d’ici 2022 au niveau national. A l’heure actuelle, seules une quarantaine sont accessibles au public, pour un parc estimé à 15 000 véhicules (surtout des poids-lourds et des bus).

Qu’est-ce qui justifie un tel optimisme ? Il semblerait que les pouvoirs publics réalisent peu à peu que le scénario officiel du tout-électrique ne soit pas tenable, et que le gaz devienne finalement une alternative crédible, notamment pour les camions et les bus. Mais, pas que.

Dans un rapport publié récemment (Vision 2035-2050), et qui a été cité lors de l’inauguration de la station en Vendée, l’ADEME prévoit un décollage de cette énergie dans les prochaines années. Suite aux objectifs ambitieux du plan Climat lancé par Nicolas Hulot, l’agence estime que les ventes des nouvelles motorisations vont se développer rapidement d’ici 2035. A cette date, la part de l’essence serait de 15 %, et celle du Diesel de 9 % pour les ventes de voitures neuves. Plus surprenant, la part du gaz naturel passerait de 0 à 16 %, alors que l’électrique culminerait à 60 %, dont 38 % pour les hybrides rechargeables et 22 % pour les véhicules 100 % électriques. La moyenne des émissions de CO2 serait alors de 66 grammes par km.

Et si on se projette en 2050, l’ADEME pronostique l’arrivée de nouveaux carburants avancés, liquides ou gazeux. A cette date, les ventes tomberaient à 0 % pour l’essence et le Diesel. A l’inverse la part du gaz naturel grimperait à 32 %. Elle serait ainsi supérieure aux 30 % prévus pour les véhicules 100 % électriques. Et l’ADEME pense même que le gaz serait aussi présent en majorité sur les hybrides rechargeables, dont la part sera alors de 38 %. Le moteur thermique utiliserait ce type de carburant, plutôt que l’essence ou le Diesel.  La moyenne des émissions de COserait abaissée en 2050 à 49 g par km, ce qui est la valeur d’un hybride rechargeable.

Pour les véhicules lourds, du type bus et cars, c’est bien le gaz – et notamment le bio-méthane – qui sera l’énergie de référence. Ce sera le cas pour 29 % des ventes de bus en 2030, 86 % en 2050, et même 100 % des cars dès 2030. En comparaison, il n’y aurait que 5 % de part de marché pour les bus électriques en 2030, et 14 % en 2050.

(1) La marque a entamé un tour de France pour promouvoir la bicarburation essence-GNV. Des étapes sont prévues à Saint-Etienne (7 novembre), dans la vallée de l’Arve (date à déterminer), ainsi qu’à Strasbourg (5 et 6 décembre) et Paris (7 décembre).