Sortir du diesel? Pourquoi l'industrie allemande dit non

(Paris, le 5 février 2016)

Alors que les opposants au diesel crient à l’escroquerie, suite au vote du Parlement européen qui valide une certaine tolérance* pour les futurs tests sur route entre 2017 et 2020, l’industrie allemande réaffirme avec force que cette motorisation est indispensable pour réduire les émissions de CO2.

A l’occasion de la présentation des résultats de l'équipementier Bosch, son PDG Volkmar Denner a souligné l’importance de cette technologie dans la lutte contre le réchauffement climatique. « Ce n’est qu’avec le diesel que nous pourrons atteindre les objectifs ambitieux fixés par l’Union européenne en matière d’émissions de CO2 », a-t-il déclaré devant la presse et les analystes.  Et il a même enfoncé le clou: « dans le débat sur la qualité de l’air et les particules fines dans nos villes, le diesel n’est pas une partie du problème, mais bien une partie de la solution en raison des filtres modernes ». Selon lui, Bosch possède toutes les technologies nécessaires pour réduire les émissions d’oxydes d’azote à un niveau extrêmement bas, même en conditions réelles de conduite.

Ce point de vue n’est pas isolé. Le patron de l’industrie automobile germanique, Matthias Wismann, en a assez qu’on fasse l’amalgame entre l’affaire Volkswagen et le diesel en général. « Cette affaire n’a rien à voir avec la technologie », a-t-il précisé. Et pour lui aussi, le diesel c’est bon pour le climat. « Si l'on immatriculait uniquement des diesels en Allemagne à partir d'aujourd'hui, on épargnerait autant de CO2 qu'en émet une ville de 60 000 habitants chaque année ».

Ce discours peut paraître très décalé en France. Mais, il est pourtant partagé par l’industrie. D’ailleurs, a-t-on entendu un seul constructeur déclarer qu’il tirait un trait sur le diesel, depuis l’affaire Volkswagen ? La seule exception est Toyota, qui a pris l’engagement de ne plus faire de modèles thermiques… en 2050. D’ici là, il continuera à vendre du diesel, et même du diesel made in Germany, grâce au concours de son partenaire BMW.

(*) Les constructeurs seront autorisés à rejeter deux fois plus que les seuils prévus de NOx (oxydes d’azote), ce qui laissera le temps de trouver des solutions techniques à un coût acceptable. C’est toujours mieux que les dépassements constatés par la Commission Technique indépendante par Ségolène Royal (5 à 10 fois) et ceux de VW aux USA (40 fois !).