transition

(Paris, le 1er février 2019)

Alors que le mouvement des gilets jaunes montre depuis deux mois les limites d’une taxation écologique trop forte, les industriels de l’automobile demandent aux décideurs politiques de ne pas précipiter les changements et de ne pas imposer non plus de solutions.

Lors de la cérémonie des vœux de la PFA (Plateforme de la Filière Automobile et Mobilités) qui s’est tenue le 22 janvier à l’Automobile Club de France, son président Luc Chatel a insisté sur le danger d’une transition énergétique à marche forcée. Il a précisé que l’industrie jouerait son rôle, avec un engagement de multiplier par 5 le nombre de ventes de véhicules électriques d’ici 2022. Mais, en même temps, il a aussi pointé du doigt les conséquences de cette mutation en termes de pertes d’emplois chez les sous-traitants de la filière, notamment dans le Diesel. Aussi, la PFA souhaite-t-elle synchroniser l’émergence de nouveaux métiers avec le déclin d’autres fonctions.

Plus facile à dire qu’à faire… De son côté, le Président du CCFA, Christian Peugeot, considère que la législation évolue trop vite pour les constructeurs. « C’est comme si on roulait sans phares, de nuit, sur une route inconnue et que le GPS devait être reprogrammé », a-t-il expliqué. Ce que n’acceptent pas les industriels de l’automobile, c’est qu’on leur dicte une solution. Et cette pensée unique tourne autour de la mobilité électrique. Or, il y a d’autres alternatives, comme ne cesse de le dire l’ACEA (Association des constructeurs européens), que préside Carlos Tavares, le n°1 de PSA. Dans un rapport récent qui donne une vision pour 2050 de la mobilité, et qui a été présenté dans le cadre du salon de Bruxelles, l’institut McKinsey reprend d’ailleurs ces arguments.

Le document défend l’idée de véhicules zéro émission en ville d’ici 30 ans, et dont l’usage serait partagé. Mais, ce rapport - nourri en partie par les réflexions de l’ACEA - n’évoque pas seulement le véhicule électrique à batterie. Il cite également l’hydrogène, les motorisations hybrides et même le moteur thermique, dès lors que le carburant est neutre sur un plan carbone (carburants de synthèse ou issus de la biomasse), avec du Diesel (ou plutôt du e-Diesel) et même du gaz naturel.

Dans le rapport de McKinsey, il est rappelé que 25 % des Européens vivent en zone rurale. Un chiffre qui va reculer à 20 % d’ici 2050. Mais, malgré l’urbanisation galopante, il y aura donc toujours un Européen sur cinq qui vivra à l’écart des grandes métropoles. Et ces personnes auront besoin de se déplacer, sans doute autrement qu’avec des trottinettes électriques et des véhicules à batterie.

L’autre idée défendue par le rapport de McKinsey est que la compétition frontale avec la Chine sur l’électrique est illusoire, dans la mesure où ce pays compte déjà plus de 60 marques qui produisent ce type de véhicules, avec un soutien franc et massif de l’Etat. Conclusion : l’Europe a tout intérêt à sauvegarder son savoir-faire et à ne pas enterrer trop vite le moteur thermique.