(Paris, le 22 février 2021)
Le MaaS sera-t-il le mode de déplacement privilégié de demain ? Acronyme anglais de « mobility-as-a-service », ce concept entend réduire la place de la voiture (et diminuer du même coup les émissions de gaz à effet de serre) en mettant à l’honneur via une plate-forme une multiplicité de solutions de déplacements : offres des transports publics (bus, tramways, métros, trains), solutions déployées par des opérateurs privés (voitures avec chauffeur, options de covoiturage, services d’autopartage) et autres nouveaux outils de déplacements (vélos, trottinettes, scooters électriques…).
L’usager ou le citoyen désireux de profiter de cette palette de solutions n’a pas besoin de faire appel à chaque opérateur : une application lui donne accès à l’ensemble. Sur le papier l’intérêt du MaaS est d’obtenir facilement les transports et les chemins les plus rapides, les moins chers ou même les plus confortables.
Outre des opérateurs de la mobilité, qui voient dans ce nouveau concept un vecteur de diversification bienvenu pour l’avenir, les villes et les régions travaillent aussi sur le MaaS. En tant qu’autorités organisatrices de mobilités (AOM), elles ont en effet toute la latitude pour s’appuyer sur leurs réseaux de transport public (bus, tram, TER…) afin de donner accès à des bouquets de modes de transport associant public et privé. A titre d’exemple, Ile-de-France Mobilités intègre d’ores et déjà dans son pass Navigo du vélo, du covoiturage domicile-travail, en attendant des scooters électriques en accès libre.
A terme, la standardisation d’une API (interface de programmation) permettra peut-être d’interconnecter les systèmes d’informations des divers acteurs de transport de deux services MaaS, de façon à obtenir leur interopérabilité entre deux bassins de vie, entre deux régions ou entre deux communes. Les acteurs historiques du déplacement comme la SNCF ou la RATP, peuvent considérer l’arrivée du MaaS comme une menace pour leur activité et la fin d’une forme de monopole pour eux. Ils peuvent aussi décider de prendre le train de la modernité et donc du MaaS.
Depuis juin 2019, l’Assistant SNCF accompagne les déplacements des usagers dans 500 villes de France : recherche d’itinéraires, achat de billets de trains, suivi du trafic en temps réels, solutions alternatives de transport multimodales. L’application développée par e.Voyageurs SNCF a établi des alliances avec plusieurs acteurs de la mobilité : sociétés de VTC, de taxis, startups de covoiturage. Derniers en date, des opérateurs de trottinettes en libre-service, type Bird. Comme le souligne la start-up, un tiers de tous les trajets Bird connectent en effet les gens avec un bus, un métro ou une gare. Concrètement, les trottinettes électriques se trouvant à proximité d’un usager seront ainsi automatiquement affichées dans l’Assistant SNCF. En cliquant dessus, l’utilisateur pourra connaître le niveau de charge de la batterie et la possibilité de réserver ou de déverrouiller le véhicule. Cette offre est actuellement disponible à Bordeaux et Marseille. Du côté de la RATP également, le MaaS peut devenir une opportunité. C’est sans doute la raison pour laquelle, la Régie a récemment pris le contrôle du navigateur Mappy.
Dans la sphère politique, l’intérêt du Maas ne laisse pas indifférents les élus. Notamment ceux dont les territoires comptent encore beaucoup (trop) sur la voiture, faute d’une offre de transports de substitution suffisante. Les sénateurs ont ainsi publié en janvier un rapport visant à « réduire les fractures territoriales actuelles », avec un cap en 2040 (1). Ce rapport détaille comment lutter contre les « mobilités à deux vitesses » : celles des territoires urbains bien pourvus et celles des espaces peu ou mal équipés, dont le choix se réduit à « la voiture ou rien ». Selon Olivier Jacquin, le sénateur à l’origine de ce rapport, « les communes peu denses et très peu denses, constituent l’immense majorité des communes françaises (plus de 30 000), couvrent 90 % du territoire national et accueillent un tiers des habitants de la France ».
(1) « Mobilités dans les espaces peu denses en 2040 : un défi à relever dès aujourd’hui ». http://www.senat.fr/notice-rapport/2020/r20-313-notice.html