autonome

(Paris le 19 juin 2020; Mis à jour le 22 juin)

Mise en retrait depuis quelque temps, en raison de la priorité donnée à l’électrification, la conduite autonome reste pourtant à l’agenda des constructeurs. Mais avec des ambitions et des moyens distincts: certains réduisent la voilure, quand d'autres y mettent le prix.

Le président Macron y a fait une brève allusion lors de la présentation de son plan de relance automobile, le 26 mai dernier. Il a évoqué la voiture autonome parmi les technologies qu’il fallait préserver en France. Toutefois, le chef de l’Etat n’a pas annoncé de mesures spécifiques sur ce type de véhicules, sur lesquels les deux constructeurs français travaillent (en lien avec Nissan qui a pris le lead sur la question pour Renault et en solo pour PSA qui pourra partager les frais avec Fiat-Chrysler en cas de fusion).

Clairement, l’Allemagne a, comme dans l'hydrogène, une approche plus volontariste. C’est en tout cas une certitude pour Volkswagen. Le groupe, qui a confirmé sa collaboration avec Ford sur plusieurs sujets dont celui de la voiture autonome, vient d’ailleurs de finaliser un investissement massif. Comme il s’y était engagé il y a un an, VW a déboursé 2,6 milliards de dollars pour soutenir Argo AI, une start-up spécialisée dans la conduite autonome basée à Pittsburgh, aux Etats-Unis. Cette pépite de la Silicon Valley est aussi couvée par Ford, qui détient 500 millions d'actions. Fondée en 2016 par deux anciens de Google et Uber, la jeune pousse bénéficie en outre de l'unité de conduite intelligente autonome de Volkswagen basée à Munich, ce qui porte les effectifs à plus de 1 000 salariés.

Les autres constructeurs allemands n’ont pas engagé autant d’investissements. Si le groupe Bosch reste très actif sur la question de l’automatisation de la conduite, BMW et Daimler ont crée la surprise en annonçant le 19 juin "la mise en sommeil" de leur coopération sur la voiture autonome initiée début 2019. Selon les deux groupes, "l'environnement conjoncturel n'est pas favorable " à ce type d'investissements. Le même jour, BMW avait anoncé la suppression de plus de 6 000 emplois dans le monde.

Au niveau européen, plusieurs fédérations et associations (1) ont listé 25 actions prioritaires pour redémarrer le secteur automobile. Et justement, ce sujet est abordé. Elles demandent à la Commission Européenne la mise en place d’un réseau de communication pour faciliter le dialogue entre l'infrastructure et les véhicules. C'est un pré-requis pour gérer la sécurité des futurs véhicules automatisés.

Du côté des Américains, Waymo reste toujours l’exemple à suivre. La filiale de Google a été classée en tête des compagnies qui maîtrisent le mieux la technologie, dans le cadre d’un classement opéré par l’institut Guidehouse Insights. La surprise est que Ford vient juste derrière, suivi par General Motors (et sa filiale Cruise Automation). Le chinois Baidu (qui a mis en place un programme Apollo pour la conduite automatisée) se situe juste derrière le trio de tête. Dans ce top 18, on retrouve des acteurs tels que BMW, Daimler, Hyundai, Toyota, Volkswagen, Volvo, l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, mais aussi Navya. La PME française devance Tesla, bon dernier de ce classement.

En Asie, Didi Chuxing, l'équivalent chinois d'Uber, vient de lever à l'extérieur plus de 500 millions de dollars pour sa filiale de conduite autonome. Une première dans l'histoire de cet acteur. Cet investissement permettra au groupe d'améliorer encore la sécurité et l'efficacité de sa technologie, en poursuivant ses investissements dans la R&D, et en proposant des services en Chine et à l'étranger.

Comme on le voit, les industriels n’ont pas renoncé à la voiture autonome. Cependant, la technologie suscite toujours des réticences. Et ce n’est pas l’étude de l’Insurance Institute for Highway Safety aux USA qui va améliorer les choses. Elle estime que ces voitures ne pourront éviter qu’un tiers des accidents. Même si elles sont moins distraites que les humains et peuvent détecter plus vite le danger, il est difficile de réagir immédiatement et surtout de tenir compte de l’environnement autour.

(1). ACEA, CECRA, CLEPA, ERTma : ces organismes représentent les constructeurs, les équipementiers, la réparation et les fabricants de pneumatiques.