(Paris, le 5 avril 2021)
A une semaine d’intervalle et sans se concerter, les deux constructeurs nationaux ont pris la parole sur le thème de l’utilitaire à hydrogène : un segment qu’ils entendent bien dominer.
Dans l’ordre, c’est Renault qui a ouvert le bal.
Dans le cadre d'une conférence en ligne, la marque au losange a fait le point sur sa stratégie en matière d'utilitaires décarbonés. Après avoir renouvelé le Master en 2019, Renault a levé le voile sur le nouveau Kangoo Van, le nouvel Express Van, le nouveau Trafic Combi et le nouveau SpaceClass.
"Nous préparons également l'avenir avec de nouveaux produits et solutions, électriques et hydrogène" a expliqué Mark Sutcliffe, Directeur de la Division véhicules utilitaires chez Renault.
Pionnier du véhicule utilitaire électrique depuis 2011, Renault l’est également de l’hydrogène depuis 2014. C’est à cette date qu’il a commencé à intégrer une pile à combustible de Symbio en tant que prolongateur d’autonomie. Plus de 200 véhicules de ce type ont été assemblés à ce jour. Renault entend persévérer dans cette voie. Le constructeur présentera le nouveau Master Z.E Hydrogen d’ici la fin de l’année. Avec son nouveau partenaire Plug Power (avec qui il va créer une société commune basée en France), Renault vise 30 % du marché européen des véhicules utilitaires légers à hydrogène d’ici 2030
Mais déjà, la concurrence s’annonce avec Stellantis. Le groupe issu de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler a dévoilé une offre qui sera appliquée en fin d'année sur les Citroën Jumpy, Peugeot Expert et Opel Vivaro. La solution reprend le principe d'une combinaison entre la pile à combustible et la batterie. Mais, à la différence de Renault, c'est une chaîne de traction où l'hydrogène est l'énergie principale, avec une pile de 45 kW (au lieu de 5 kW) et trois réservoirs d'une contenance de 120 litres (soit 4,4 kg d’hydrogène), la batterie lithium-ion de 10,5 kWh venant apporter un complément. D'où le nom plug-in fuel cell system. Cela permet d'apporter une autonomie supérieure à 400 km (dont 50 km pour la seule batterie) pour un temps de remplissage de 3 mn.
Assurée par Opel, qui a une expertise dans cette forme d’énergie, l’intégration n’est pas très difficile. Le groupe Stellantis dispose déjà d’une plateforme pour les utilitaires électriques à batterie. Les réservoirs d'hydrogène prennent simplement la place des batteries sous le plancher et la pile vient coiffer le moteur électrique de 100 kW logé sous le capot. De cette manière, les composants ne viennent pas empiéter sur la capacité de chargement du véhicule. Les VUL de Stellantis démarrent en mode batterie et utilisent l'hydrogène quand les conditions sont optimales. Un choix qui permet de préserver la pile, dont le grand intérêt est d'apporter suffisamment de puissance pour les trajets sur autoroute. Quant à la batterie, elle apporte aussi un surcroît de puissance à l'accélération et permet de récupérer de l'énergie. Stellantis a retenu Symbio et Faurecia comme partenaires.
Pour le groupe, les produits vont permettre de pleinement répondre aux attentes des clients professionnels. "Plus on regarde vers le futur et plus les piles à hydrogène sont porteuses de grandes promesses - notamment dans le domaine des utilitaires - pour devenir la prochaine technologie de propulsion zéro émission", estime le responsable de l'ingénierie, Harald Wester.
Les constructeurs français sont les premiers à se lancer sur le marché. Toutefois, il reste encore des défis à relever : produire massivement de l'hydrogène vert à un coût compétitif, développer l'infrastructure et bien sûr réduire les coûts par des économies d'échelle.