(Paris, le 4 mars 2022)
La question des mobilités ne constitue pas à proprement parler un sujet de campagne pour les candidats. Pourtant la crise des gilets jaunes en 2019 liée au prix des carburants et à la fracture entre les territoires ruraux et les grandes métropoles, avait déjà placé ce thème sur le devant de la scène.
La crise sanitaire a profondément bouleversé les modes de travail, et par voie de conséquence, de déplacements des Français. Du coup, le think-tank de la mobilité, Forum Vies mobiles, soutenu par la SNCF, s’est intéressé ce que pourraient être les mobilités de demain souhaitées par nos compatriotes.
« Les citoyens appellent à s’intéresser aux conditions de vie dans les petites villes, les banlieues, les villages, les périphéries… comment mieux vivre dans ces espaces ? », interroge le rapport de l’organisme. Vivre en dehors des grandes villes, mais en bénéficiant du réseau d’infrastructures comparables à celles qui y existent, revient en effet en force dans les attentes des citoyens. Ce rééquilibrage territorial entre petites, moyennes et grandes villes, concerne non seulement les réseaux de transports, mais également les commerces, services publics, offres de santé, activités culturelles. Sans oublier un tissu économique étoffé, susceptible de leur donner des emplois.
« Les citoyens appellent à trouver des solutions pour apaiser ces trajets, en les rendant moins longs, moins fréquents et moins polluants », explique encore le rapport. Gérer « la galère » des déplacements quotidiens, liée aux trajets domicile-travail est une autre attente majeure des Français. Les mois de confinement et de télétravail leur ont fait oublier les heures perdues dans les embouteillages derrière leur volant, ou encore les transports en commun congestionnés. « Il faut arrêter d’additionner et de mettre en concurrence les offres (voiture, train, bus, vélo, ...) et lancer les bases d’un système où chaque mode serait vraiment connecté aux autres, tout en ayant sa zone de pertinence, pour permettre des déplacements porte à porte sur tous les territoires (ville, périurbain, campagne) », insiste le Forum des Vies mobiles dans son rapport. A cet égard, l’association se montre réservée sur l’avantage qu’il y aurait à vivre dans les grandes agglomérations : « La densité est loin d’être la solution miracle : si les Franciliens peuvent éviter plus que les autres le passage à la pompe à essence, ils subissent de plein fouet la galère des transports collectifs bondés. », estime-t-elle. Autre initiative mise en avant, élargir les plages horaires de fonctionnement des lignes de métro, jusqu’à 24h/24. Les salariés en horaires décalés pourraient ainsi troquer des trajets à bord de bus de nuit bondés et pas toujours sécurisés, par des rames de métro.
Pousser le forfait mobilités durables
Le récent travail du député Guillaume Gouffier-Cha sur l’avenir de la filière vélo, milite pour un renforcement du budget alloué au plan vélo de l’Etat (il le verrait bien à 400 millions d’euros par an), afin d’atteindre le cap des 100 000 km de pistes cyclables et voies vertes nécessaires à une bonne utilisation des deux roues sur le territoire. Promouvoir la pratique du deux-roues peut constituer à l’avenir un vrai mode de déplacement des Français. Aujourd’hui 40% des déplacements effectués en voiture le sont sur des distances de moins de 5 kilomètres, donc facilement gérables à vélo. « On pourrait commencer par les 30 % des Français qui pratiquent l’ensemble de leurs activités à moins de neuf kilomètres de chez eux mais recourent encore trop largement à la voiture individuelle », suggère le think-tank soutenu par la SNCF.
Le même rapport sur le vélo milite en outre pour une accélération de l’usage par les entreprises du Forfait Mobilités Durables, qui favorise la pluralité des modes de déplacements pour se rendre au bureau, et des mobilités dites partagées comme le covoiturage. Ce dispositif créé en 2019 par la LOM (Loi d’Orientation des Mobilités) doit encore trouver son public au sein des entreprises.
A l’heure du retour plus régulier au bureau, les citoyens en appellent d’ailleurs davantage aux entreprises, afin qu’elles gèrent les rythmes de travail de leurs collaborateurs : favoriser, quand c’est possible, les horaires décalés, pour éviter les transports en commun, ou les routes saturées ; développer en collaboration avec les municipalités, des navettes inter-entreprises ; maintenir le télétravail…