(Paris, le 5 décembre 2019)
Face à Uber, BlaBlaCar et d’autres opérateurs, l’industrie automobile se diversifie et propose des solutions globales de mobilité. Les grandes manœuvres ont commencé pour offrir du service et atteindre une taille critique.
Depuis déjà 10 ans pour Daimler (avec Car2Go) et 8 ans pour BMW (avec DriveNow), la mobilité partagée est une réalité pour ces deux fleurons de l’industrie automobile allemande. Au fil du temps, les offres ont essaimé en Europe et dans le monde.
Tout récemment, les deux groupes ont même décidé de se regrouper pour fusionner leurs activités. Ils ont créé une société commune qui a pour nom Share Now. Cet ensemble donne accès à plus de 20 500 voitures (dont quelque 3 200 voitures électriques) dans 30 villes de 14 pays. Une force de frappe assez unique dans le milieu de l’auto, même si cela reste modeste par rapport à un service comme Uber, disponible dans 600 villes de 65 pays avec près de 4 millions de chauffeurs. Néanmoins, BMW et Daimler sont bien placés pour faire de l’autopartage avec des véhicules en free floating (sans stations) qui se louent grâce à un simple smartphone. L’autre intérêt, c’est que les services vont bien au-delà de la location. Il y a du transport à la demande (taxis, VTC), de la recharge pour véhicules électriques, du stationnement et même du transport multimodal.
Toujours chez les Allemands, Volkswagen a fondé Moia. La nouvelle marque de mobilité a déjà mis en place un service de transport à la demande avec des vans à Hanovre (150 véhicules d’ici 2020, puis 250 par la suite). Le même service a été déployé à Hambourg avec une centaine de vans électriques. La marque a distribué 5 000 invitations pour bénéficier de ce service avec chauffeur et dans une ambiance détendue (wi-fi à bord, recharge par prises USB). Moia veut retirer un million de véhicules des villes en Europe d’ici 2025. La marque proposera par ailleurs, en temps voulu, du transport autonome.
De ce côté-ci du Rhin, on s’active aussi dans les nouvelles mobilités. Le groupe PSA a créé une filiale, Free2Move. La marque propose des services dans 13 pays sur 3 continents pour devenir « LA solution pour bouger et aller de l’avant » (dixit le site du groupe PSA). A travers l’application éponyme, on peut ainsi accéder à 50 types de mobilité partagée, que ce soit la location de voiture, le vélo, la trottinette, le scooter en libre-service, les voitures avec chauffeur, et même les transports en commun. Free2Move est aussi un moyen pour PSA d’aborder le marché américain.
En comparaison, Renault est moins avancé. La marque propose cependant de l’autopartage. Elle est présente à Paris avec Moov’in Paris et un peu partout en France sous le nom Mobility. En Espagne, il y a aussi le service Zity à Madrid. La location se fait à 100 % en mode digital. Le portefeuille comprend par ailleurs Marcel (service de VTC avec des ZOE), sachant que le constructeur a aussi investi dans des start-up en lien avec les nouvelles mobilités (Karhoo, Yuso, Como, iCabbi, Glide). Renault a du coup créé une nouvelle entité qui a pour nom M.A.I (Mobility As an Industry). Sa vocation est de réunir l’ensemble des activités mobilités du constructeur et de créer des synergies. Cela permettra de simplifier la chaîne de décision, de clarifier les offres existantes et d’en créer de nouvelles.
Chez les Américains, Ford est le plus en pointe. Il propose à travers la division Mobility des services comme GoRide (transport de personnes âgées pour recevoir leurs soins), du transport à la demande (Transloc) et de la trottinette (Spin).
Les constructeurs asiatiques ne sont pas en reste. Hyundai vient de lancer une société dédiée aux services de mobilité à Los Angeles. Elle a pour nom MoceanLab. Elle débutera avec un service pilote d’autopartage. Ensuite, l’entreprise devrait proposer un service de courses en taxis autonomes, ainsi que des services de transport multimodaux. Avec sa société MoceanLab, Hyundai a pour objectif de réduire le trafic routier à Los Angeles et de faciliter les transports dans la ville américaine, qui doit notamment accueillir les Jeux Olympiques de 2028. Du côté des japonais, Toyota a surtout investi chez Uber et chez Didi Chuxing (l’équivalent chinois du géant du VTC). Le groupe va aussi profiter des JO de Tokyo de 2020 pour étrenner sa navette autonome, l’e-Palette.