Transport en commun

(Paris, le 29 novembre 2021)

Les mobilités de demain feront-elles une place aux transports en commun et si, oui, laquelle ? A l’heure de la 5ème vague et de l’émergence d’un nouveau variant (Omicron) dont on ne connaît pas encore grand-chose sauf qu’il inquiète au plus haut point l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les professionnels du transport public n’en ont pas encore terminé avec les conséquences de deux années de Covid-19. 

Leur bilan préliminaire pour 2021 fait état d’un manque à gagner de l’ordre de 680 millions d’euros en termes de recettes (dont 380 millions pour la seule Ile-de-France), qui vient après une année 2020 déjà calamiteuse. En cumul sur deux ans, le trou financier atteindrait près de 2,3 milliards d’euros. Alors que la majeure partie de l’économie est repartie depuis plusieurs mois, les transports en commun restent à la traine. 

Selon l’Observatoire de la mobilité 2021 émanant de l’Union des Transports Publics et Ferroviaires (UTP), 60 % seulement des Français vivant dans des villes de plus de 50.000 habitants (et 75 % en Ile-de-France) fréquentent régulièrement les transports en commun. C’est 13 points de moins qu’en 2019 à l’échelle nationale et 10 points de moins en Ile de France.

Dans les grandes villes, sur de petites distances, les nouvelles mobilités (type vélos, trottinettes…) concurrencent le métro, le bus ou encore le tramway, ce qui se traduit par un repli de l’usage de ces différents modes de transports par rapport à 2020, une année pourtant marquée par un coup d’arrêt des déplacements : -3 points pour le bus (69 %), -2 points pour le métro (47 %) et même -2 points pour le RER (24 %). 

Dans le même temps, les opérateurs des transports publics font face à un retour en force de l’usage de la voiture particulière puisque sur la même période, la part de cette dernière a représenté 85 % des déplacements intérieurs de voyageurs, soit 4,4 points de plus par rapport à 2019. « L’autosolisme ressort comme le grand gagnant de la crise sanitaire », constate donc l’UTP.

Outre une baisse générale des déplacements des Français (induite notamment par le télétravail) pouvant expliquer cette moindre fréquentation, les opérateurs de transports publics ont dû (et doivent sans doute encore) lutter contre la peur des contaminations dans les trains et autres métros : 64 % des Français jugent ainsi que les transports collectifs sont un vecteur de propagation du Covid-19, contre 31 % dans les centres commerciaux, 25 % pour les restaurants et 14 % pour les musées et cinémas, selon ce même sondage (1). Pour l’UTP cette crainte est infondée, toutes les études ayant montré l’absence de « clusters » dans les transports en commun et un taux de contaminations très faible. 

Vers davantage de déplacements multimodaux

Pour l’avenir, les acteurs des transports en commun militent en faveur d’une meilleure « complémentarité des modes de déplacements» : pas question de « dresser un mode contre un autre ». « Du fait de la crise sanitaire, l’usage du vélo a progressé de 27 %, mais il ne représente que 3 % des déplacements (…) Même en développant et en encourageant son utilisation, le vélo ne pourra pas absorber des flux massifs de voyageurs », font-ils valoir.

Jouer la complémentarité entre les modes de déplacement est donc l’un des objectifs de l’UTP qui a demandé aux usagers à quelles conditions ils pourraient utiliser davantage les transports publics : 84 % des répondants mettent en avant « la fréquence » des transports, 77 % « la circulation sur des territoires plus étendus » et 64 % « des amplitudes horaires plus larges le matin et le soir". Autant d’arguments qui militent en faveur de la création d’offres de déplacements incluant les transports publics d’une part, associés à d’autres modes tels que la voiture ou encore les mobilités alternatives, d'autre part.

Dans son « manifeste » aux candidats à la prochaine élection présidentielle, l’UTP milite d’ailleurs en faveur de la multimodalité (parkings relais aux abords des villes) ou encore du développement de solutions digitales favorisant les déplacements (MaaS, mobilité autonome). L’objectif de la filière étant, sur la durée du prochain quinquennat, de doubler la part modale du transport public urbain et périurbain.

(1). Sondage réalisé par l'Ifop en septembre 2021 auprès d'un échantillon de 1 500 personnes de plus de 18 ans, vivant dans une agglomération de 50 000 habitants et plus. 

Pour aller plus loin:

> A quoi sert le MaaS?