(Paris, le 8 avril 2020)
Ainsi donc Tesla, à lui tout seul, a vendu 1 million de voitures depuis 2008. Ces volumes comprennent le tout premier roadster, ainsi que les Model S, X, 3 et la toute dernière Y. C’est d’ailleurs une Model Y (vendue uniquement aux USA pour le moment) qui a permis de passer ce cap symbolique. Le constructeur californien a du même coup réussi à détrôner l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, qui est pourtant partie au même moment (2009 pour Mitsubishi, 2010 pour Nissan et 2011 pour Renault).
C’est une performance qu’il convient de saluer, car beaucoup d’observateurs prédisaient une chute rapide en raison des difficultés de production en série pour la Model 3. Sur un plan technique, en effet, l’avantage de Tesla n’est guère évident (l’autonomie record s’explique par des grosses batteries). Néanmoins, Elon Musk a réussi à rendre l’électrique sexy et à introduire des innovations connexes (la mise en place de super chargeurs pour ravitailler, la mise à jour à distance des logiciels et le versement d’arrhes pour réserver un modèle). Il a aussi pris le risque de brûler des étapes en matière de conduite automatisée, son système Autopilot flirtant souvent avec les limites de la réglementation. En tout cas, aucun fabricant d’automobiles au monde ne réussit à attirer autant de fans autour d’un modèle des mois avant sa sortie.
Il faut avoir en tête que l’an dernier, la marque a livré près de 370 000 véhicules dans le monde et en a fabriqué 324 236 dans son usine de Fremont en Californie. Elle compte produire 500 000 voitures cette année, grâce notamment à la montée en puissance de sa nouvelle usine chinoise et de la Model Y. Au premier trimestre 2020, Tesla a annoncé avoir vendu 88 400 véhicules dans le monde, un volume record pour cette période, supérieur aux prévisions des analystes qui tablaient en moyenne sur 78 100 unités. Le constructeur américain de véhicules électriques avait écoulé 63 000 véhicules au premier trimestre 2019.
Le problème est que le coronavirus vient freiner cette belle production. Nul ne sait ce qui va se passer et quel sera l’impact pour l’industrie. Le fait est que les clients se font plus rares. D’autre part, les fabricants de batteries ont du mal à fournir. La demande monte en flèche en raison de la sortie programmée de très nombreux modèles chez les marques Premium et généralistes. Et Tesla risque d’être confronté aux mêmes problèmes. Une solution sera sans doute trouvée en raison des projets de méga-usines de batteries en Europe et d’une évidente relocalisation qui va s’opérer.
Mais le danger pour Tesla est ailleurs. Tant que la marque était seule sur le Premium, elle avait un boulevard. Pour le moment, ni Audi, ni Jaguar, ni Mercedes n’ont su rivaliser avec leurs produits. Mais, l’arrivée de Porsche pourrait rebattre les cartes. Et chez les généralises, l'offensive lancée par Volkswagen risque aussi de faire mal. Et si demain le 100 % électrique est remis en cause (en raison d’une infrastructure inadaptée ou d’un refus des consommateurs), Tesla n’aura pas d’alternative à présenter, alors que les autres industriels auront une offre plus large, combinant le moteur thermique et la batterie