L'autopartage en France et dans le monde : la mobilité de demain ?

Le concept de l’autopartage ou de la voiture partagée n’est pas neuf, puisque sa diffusion remonte aux années 1990, mais prend une ampleur sans égale depuis quelques années, qui s’illustre par la multiplication des services d’autopartage en France et dans le monde, un intérêt croissant des acteurs traditionnels des transports comme les opérateurs et les loueurs traditionnels, pour ce type de services, l’intégration de l’autopartage aux règlementations nationales et aux politiques locales des transports et de l’urbanisme.

Si l’autopartage suscite un engouement aujourd’hui, c’est principalement parce que le concept s’inscrit dans une nouvelle approche, nécessaire, des transports, et qu’il répond aux attentes des utilisateurs et à l’évolution de la société vers une économie de services. Crise de l’environnement, crise de l’économie post-industrielle, crise énergétique, le contexte actuel est une sirène d’alarme sur l’impossibilité de poursuivre le modèle de production/consommation en vigueur depuis les Trente Glorieuses. L’automobile illustre le mieux l’évolution d’un modèle essoufflé. La propriété individuelle de la voiture n’est plus viable durablement. L’homme doit repenser les besoins et les modes de transports pour atteindre une mobilité durable dans laquelle l’automobile conservera un rôle en tant que service.

Concevoir la voiture comme service bouleverse à la fois les habitudes et les comportements des consommateurs, mais aussi et surtout, la logique et le modèle économique des acteurs et régulateurs des transports. L’intérêt pour l’autopartage est évident, mais s’agit-il d’un marché réel et viable économiquement ?

L’analyse des références de l’autopartage dans le monde permet d’extraire certains traits génériques, que l’on pourrait appeler « facteurs de succès », qui pourraient être les ingrédients d’une implantation à grande échelle de l’autopartage.

Parmi ces facteurs :

1. Concevoir l’autopartage comme une des composantes d’une nouvelle approche de la mobilité. La mobilité durable suppose l’émergence de plusieurs solutions alternatives de transport, chacune répondant à un besoin de mobilité et toutes concourant à l’assainissement de l’urbanité. L’autopartage est une des conditions de l’émergence de la mobilité durable. D’une part, la voiture remplit un rôle dans les types de mobilité qui ne trouve pas d’alternative à ce jour. D’autre part, il est difficile de faire évoluer les idées attachées au principe de la voiture individuelle et de la liberté qu’elle confère, l’autopartage contribue à l’évolution des comportements et des schémas de pensée, en considérant la voiture comme un service et non plus comme un bien propre. Ce premier facteur se vérifie dans les faits. La plupart des sociétés d’autopartage ont rapidement fait évoluer leur offre en se rapprochant, voire en s’intégrant aux systèmes de transports publics locaux et nationaux. Certains experts considèrent même que la mise en place d’un service d’autopartage sur une localité ne peut se concevoir sans être pensé dans une politique de transports, d’urbanisme et plus globalement de Développement Durable.

2. Repenser l’éco-système de l’automobile. Le concept de l’autopartage a des impacts indirects sur la chaîne de valeur de l’automobile, en déplaçant les rôles des acteurs traditionnels d’un monde des transports où la voiture est en situation de monopole. Ce déplacement est une opportunité pour ces acteurs dans un contexte incertain, lorsque l’on constate à travers la mise en place de partenariats, la création ou l’acquisition de services, le rôle et les synergies créées entre protagonistes. Il est trop tôt pour conclure que l’émergence des grands acteurs dans l’autopartage sera la clé d’un succès à grande échelle, en revanche, cela a une portée indéniable sur le fonctionnement des services.

3. Intégrer les nouvelles technologies. La dématérialisation permise par les NTIC est une composante de la société de services. Dans le cadre de l’autopartage, elle remplit des fonctions essentielles. Les technologies de proximité (téléphone mobile, cartes sans contact, GPS, etc.) sont les outils qui rendent l’autopartage simple et immédiat aux utilisateurs. Les technologies de gestion de flottes permettent la qualité et la performance du service, et créent des économies d’échelle non négligeables pour les sociétés. Une troisième tendance tend à compléter ce schéma, celle des technologies dites « 2.0 » (réseaux sociaux, plate-formes d’échanges, principes de co-création). Elles rendent le consommateur « acteur » dans la promotion et les choix des nouvelles mobilités.

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