Londres s’ouvre à son tour à la trottinette électrique

(Paris, le 17 juin 2021)

Depuis le 7 juin 2021, les rues de certains quartiers londoniens sont peuplées par de nouveaux habitants : les trottinettes électriques en libre-service. Londres était l’une des dernières grandes villes européennes à les interdire; mais elle s’est finalement décidée à lancer un appel d’offre en novembre 2020.

L’objectif est de proposer une nouvelle alternative pour les trajets courts permettant de désengorger les transports en commun en temps de crise sanitaire. Comme pour Paris à l’été 2020, l’appel d’offres a été remporté par un trio d’opérateurs : la société néerlandaise Dott, l’américaine Lime et l’allemande TIER. Ensemble, ils pourront déployer leurs engins électriques pour une durée d’un an à travers la capitale anglaise.

S’ils ont commencé avec une petite centaine d’appareils chacun et dans une minorité de quartiers, l’objectif est bien d’atteindre à terme 6 600 trottinettes par opérateur répartis dans toute la ville. Cela permettrait ainsi à Londres de dépasser Paris – plus gros marché européen à ce jour – où 5 000 appareils sont déployés par chacune des start-up sélectionnées.

Un terrain de jeu immense pour les trottinettes, mais sous contraintes

Londres pourrait donc devenir l’un des plus gros marchés du monde en termes de micro-mobilité. Le terrain de jeu est immense : la superficie londonienne est dix fois supérieure à celle de Paris intra-muros. Et si l’on ne dispose pas encore d’assez de recul pour juger de la popularité des trottinettes électriques chez les Londoniens, on retrouve les mêmes caractéristiques qui ont fait de Paris l’un des plus gros marchés du monde : des zones de forte densité de population et un service de vélos municipaux en libre-service très populaire.

Cependant, les opérateurs devront faire face à un certain nombre de contraintes. D’abord, l’énorme superficie londonienne – comparable au Grand Paris – cache des disparités de densité de population, entre les quartiers du centre hyperdenses et ceux des extrémités, moins peuplés. Face à cette immense surface, l’enjeu pour les opérateurs sera de minimiser les coûts de recharge, de déplacement et de réparation des appareils. Ensuite, l’autorité des transports londoniens (TFL) a annoncé des mesures drastiques en termes de sécurité : les appareils pourront rouler uniquement sur la route et les pistes cyclables, les feux arrière et avant seront allumés en permanence, un système GPS permettra de délimiter des zones interdites à la circulation et au parking des trottinettes et leur vitesse sera plafonnée à 20 km/h – contre 25 km/h pour les expérimentations menées dans les autres villes du pays. Enfin, les utilisateurs devront suivre un « cours de sécurité en ligne » avant de louer leur premier appareil.

Un an d'expérimentation des trottinettes et après?

Ainsi, l’expérimentation londonienne aura pour cœur la sécurité. TFL, London Council et les opérateurs ont d’ailleurs lancé une vaste campagne de sécurité pour sensibiliser les usagers. En outre, l’autorité des transports a annoncé que les opérateurs devront obligatoirement partager les données récoltées pendant l’essai – comprenant les détails de chaque voyage anonymisés, les rapports d’incident et de sécurité et les paramètres de recharge et de durabilité. Cela permettra d’orienter la future politique londonienne en matière de trottinettes électriques : « La sécurité sera cruciale et les performances des opérateurs seront régulièrement examinées. Toutes les entreprises qui souhaitent participer à l'essai devront démontrer qu'elles ont mis en place des plans pour garder nos rues dégagées et protéger les cyclistes, les piétons et les autres usagers de la route […] Ce nouvel essai fournira les données et les informations dont nous avons besoin pour déterminer le rôle à long terme que les trottinettes électriques pourraient jouer dans notre stratégie pour un avenir plus vert et plus sain pour Londres ».