goodyear

(Paris, le 6 avril 2020)

Si les pneumatiques sont devenus plus performants, en adhérence et en longévité, il faut encore les remplacer en raison de l’usure (ou d’une crevaison, encore possible en moyenne tous les 70 000 km). Mais demain, on pourra le faire d’une toute autre manière.

Goodyear a en effet une réponse technologique qu’il a dévoilée sous forme d’un concept et qui a pour nom reCharge. Il devait être en principe présenté au salon de Genève. Le manufacturier américain a développé un mélange de gomme rechargeable et biodégradable pouvant être remplacé grâce à des capsules individuelles (un peu sur le modèle des capsules de café). Le mélange en question fait appel à des matériaux biologiques, renforcés par des fibres à base de soie d’araignée. Ce fameux liquide permet à la bande de roulement de se régénérer et au pneumatique de s’adapter sur la durée, aux conditions climatiques et au style de conduite.

Il faut toutefois préciser que le pneumatique n’a plus grand-chose à voir avec celui que nous utilisons au quotidien. Il s’agit en effet d’une structure légère et non-pneumatique, dont le profil (tall and narrow) est tout aussi inhabituel, puisque le pneu est plus étroit et plus grand. Mais surtout, ce pneu sans air demande un entretien réduit, car il supprime naturellement le contrôle de la pression ainsi que tout risque de crevaison. Goodyear suggère aussi d’utiliser l’intelligence artificielle pour analyser les habitudes du conducteur et proposer un mélange personnalisé de gomme.

C’est une vision futuriste, tout comme celle du pneu Vision présenté par Michelin en 2017, et qui était lui aussi un concept sans air. Bibendum souhaitait obtenir un pneu prévu pour durer aussi longtemps que le véhicule, extrêmement résistant grâce à sa structure alvéolaire inspirée des modèles naturels  (en l’occurrence les coraux). Ce concept était fait à partir de matériaux recyclés et était entièrement recyclable. La bande de roulement du pneu Vision avait la particularité de pouvoir être « rechargée » par une imprimante 3D. Selon Michelin, le matériau utilisé, qui fait appel à la technologie de la vulcanisation à froid, offre les mêmes performances qu’une bande de roulement conventionnelle.

Le pneu sans air va devenir une réalité aux Etats-Unis en 2024. Bibendum a en effet convaincu General Motors d’utiliser son pneu Uptis, qui sera donc increvable. Il est composé d’une roue en aluminium, d’une structure en caoutchouc composite et matériau breveté en verre et résine, et d’une bande de roulement.

Il existe toutefois une solution plus simple. Michelin, toujours lui, a développé la technologie Evergrip, qui permet de regénérer le pneu en roulant grâce à deux couches de gomme superposées. Quand la sculpture en surface se réduit sous l’effet de l’usure, elle laisse apparaître de petites rainures qui émergent au fur et à mesure, ce qui permet de conserver les propriétés d’adhérence. La performance dure dans le temps avec un pneu aussi efficace qu’au premier jour. Présentée pour la première fois en 2014, la technologie (qui s’appuie aussi sur un mélange de gomme innovant), est intégrée dans les produits du marché (Alpin 6, Primacy 4 et CrossClimate).