fuelcell

(Paris, le 20 juin 2019)

Il n’y a pas que Hyundai et Toyota à se lancer dans le véhicule à hydrogène. D’autres constructeurs se préparent aussi et les équipementiers débarquent à leur tour, en raison des opportunités sur l’automobile, le VU et le camion.

A part Volkswagen qui semble vouloir se concentrer sur la batterie, les constructeurs restent en effet ouverts aux autres énergies alternatives pour réduire les émissions de CO2. C’est notamment le cas des Allemands, qui souhaitent se laisser la possibilité d’ajouter l’hydrogène en temps voulu. Mercedes a déjà lancé un modèle en petite série. Quant à Audi et BMW, ils ont déjà eu l’occasion de faire connaître leurs intentions dans ce domaine. On sait aussi qu’Opel va gérer cette technologie pour le compte du groupe PSA.

En fait, la question n’est pas de choisir entre la batterie et la pile à combustible. Les deux technologies cohabiteront, en fonction des tailles de véhicules. On le voit bien dans le récent accord que le groupe Hyundai-Kia a passé avec la société croate Rimac, spécialiste des véhicules sportifs. L’objectif est à la fois de développer un bolide électrique classique et un autre à l’hydrogène.

Le signe le plus évident est aussi l’arrivée des grands équipementiers dans cet univers. Quand un Bosch, le leader mondial, débarque avec un partenaire reconnu (le suédois Powercell, ex-filiale de Volvo), c’est un tournant majeur. Le groupe a testé un peu le marché avec des projets de véhicules non routiers (tracteurs d’aéroport). Il a ensuite annoncé un partenariat avec Nikola Motor. Cette société américaine prévoit de commercialiser des camions à hydrogène avec un réseau de stations de recharge sur le modèle de ce que Tesla a pu faire avec ses super chargeurs. Aujourd’hui, Bosch pense qu’il peut adresser le marché de la mobilité avec une nouvelle pile à combustible à partir de 2022. Il la déclinera dans le camion et les utilitaires, en espérant pouvoir faire baisser les coûts, de façon à ce que la technologie soit plus abordable pour les voitures.

Avant cette annonce de Bosch, le regroupement entre Faurecia et Michelin a déjà fait sensation dans le monde de l’automobile. Ces deux champions français ont décidé d’unir leurs forces pour adresser le marché de la mobilité. La complémentarité vient du fait qu’il y a à la fois la pile (que Michelin maîtrise mieux aujourd’hui grâce à l’acquisition totale de Symbio*) et les réservoirs d’hydrogène. Ces deux acteurs français considèrent qu’il n’y a pas de compétition, dans la mesure où la technologie de la pile à combustible est complémentaire à la batterie, en particulier pour les cas d’usage nécessitant une forte intensité d’utilisation et une plus grande autonomie. Faurecia et Michelin ont pour ambition de détenir 25 % d'un marché estimé à 15 milliards d'euros en 2030.

Dans la liste des équipementiers, on peut aussi inclure Plastic Omnium qui travaille sur les réservoirs à hydrogène et sur la pile aussi. L’un des prochains acteurs à y aller sera sans doute Valeo, déjà très actif en matière de mobilité électrique. Comme on le voit, les industriels français sont déjà quelques-uns à avoir fait ce choix, sans attendre de savoir ce que feront les constructeurs hexagonaux.

Pour les constructeurs et les équipementiers de l’automobile, il est évident que le marché démarre dès aujourd’hui. Il ne s’agit pas forcément de la voiture particulière. Les premières applications concerneront au démarrage les utilitaires, des gros véhicules du type SUV (pour des applications de taxis), des bus, des camions et même des produits de niche comme les chariots-élévateurs. Bref, on n’est plus dans l’expérimentation mais bel et bien, dans le déploiement.

(*) Symbio est une PME qui produit des piles, pouvant être utilisées comme des prolongateurs d’autonomie (ce qui est le cas sur le Kangoo ZE de Renault) ou en mode full power.