(Paris, le 3 mai 2021)
L’annonce par la marque au losange d’un bridage de ses voitures dès l’année prochaine anticipe en fait un système imposé par l’Europe et visant à faire respecter automatiquement les limitations de vitesse.
A l’occasion de l’Assemblée générale du Groupe Renault, le 23 avril dernier, le nouveau patron Luca de Meo a fait sensation en annonçant le bridage de la vitesse à 180 km/h pour les futurs modèles. Le constructeur va même aller en-deçà pour la Mégane-e dès 2022. Cette berline électrique ne pourra dépasser le 160 km/h.
En même temps, il faut dire qu’à cette vitesse, les batteries voient leur autonomie fondre comme neige au soleil. De plus, la vitesse de la plupart des modèles de la gamme plafonne entre 170 et 200 km/h ! En revanche, Alpine ne sera pas concerné par ce bridage, histoire de ménager les amateurs de sensations qui roulent en Allemagne (un pays où les constructeurs ont décidé, il y a très longtemps, de limiter la vitesse à 250 km/h). Le fait est que Renault est le premier grand constructeur à prendre un tel engagement, après le précédent créé par Volvo en 2019. La marque d’origine suédoise applique en effet ce principe depuis 2020 (année à partir de laquelle elle avait promis qu’il n’y aurait plus aucun mort ni blessé grave dans une nouvelle Volvo). « Si limiter la vitesse n’est pas un remède miracle, une seule vie sauvée suffirait à faire de cette initiative un succès », déclarait à l’époque Håkan Samuelsson, son Président.
Dans un bel ensemble, la presse a relayé que Renault allait intégrer un régulateur de vitesse qui allait adapter la vitesse en fonction des limitations. Ce système va se baser sur les caméras pour détecter les limitations. Il tiendra aussi compte des données de géolocalisation et prendra en considération les virages dangereux et les ronds-points. Il pourra également prendre en considération la météo ou la vigilance au volant. Et si les capteurs détectent une perte d’attention, le véhicule pourra même s’arrêter et se mettre en sécurité. En fait, toutes ces technologies existent déjà et vont se généraliser. Ce sont des briques sur lesquelles vont se reposer les futures voitures autonomes.
Système de limitation de vitesse voulu par Bruxelles et obligatoire en 2022
En revanche, personne n’a relevé que cette disposition allait s’appliquer sur tous les véhicules neufs l’an prochain. L’Europe a en effet décidé d’imposer à partir de juillet 2022 ce qu’elle appelle l’Intelligent speed assistance (ISA). Tous les véhicules l’auront en standard à partir de 2024. Bruxelles espère réduire ainsi de 10 à 15 % les accidents et 30 % des accidents mortels liés à une vitesse inappropriée. Pour le moment, le texte n’a pas encore été voté et on discute encore des modalités. Le système de base sera une pédale d’accélérateur devenant dure et incitant à ne pas aller plus vite. Toutefois, il sera possible de forcer le système en cas de nécessité.
Bizarrement, les associations de sécurité routière ne semblent guère emballées. Pourtant, elles avaient plébiscité à l’époque le projet LAVIA (limiteur s'adaptant à la vitesse autorisée), expérimenté entre 2004 et 2006 par les constructeurs français. Ce système proposait deux modes : informatif et actif (non débrayable). Expérimenté sur près de 200 000 km, il était jugé assez fiable et restait acceptable tant que le conducteur restait maître de sa vitesse. Finalement, il en sera de même pour le système ISA voulu par Bruxelles.