(Paris, le 02 janvier 2018)
Face à la campagne anti-véhicules thermiques, beaucoup de Français pensent que l'on va tirer un trait rapidement sur le moteur thermique et généraliser d’un coup la voiture électrique. La réalité est autrement plus complexe.
Quand Volvo a annoncé en juillet dernier qu’il comptait systématiquement installer un moteur électrique à bord de ses voitures dès 2019, un raccourci erroné a été fait. Il a été écrit que Volvo ne va plus faire que des voitures électriques. D'autant que l’annonce intervenait le jour où Nicolas Hulot déclarait lui-même vouloir interdire les moteurs thermiques en 2040.
En vérité, il va y avoir trois types de motorisations : du thermique avec un petit moteur électrique et un réseau 48 volts (un Stop & Start amélioré pour faire simple), de l’hybride rechargeable (avec toujours du thermique) et du 100 % électrique.
Il est bon de rappeler que pratiquement tous les véhicules du marché ont aujourd’hui un système de coupure automatique du moteur. C’est la première forme de l’hybridation. Elle va passer à une deuxième phase, avec un système plus poussé faisant appel à une machine électrique de 10 kW et une batterie 48 volts. Ce système permet au véhicule de couper le moteur plus souvent, en autorisant par exemple ce qu’on appelle un mode « roue libre » à vitesse stabilisée sans consommer une goutte de carburant, voire un décollage en mode électrique au démarrage sur quelques dizaines de mètres. C’est ce que va proposer Volvo et c’est ce que font déjà certaines marques comme Audi, BMW, Mercedes. En vérité, les constructeurs vont tous y venir, tôt ou tard. On conserve donc le moteur thermique (essence ou Diesel), mais on l’électrifie un peu pour réduire les émissions. Rien à voir donc avec le 100 % électrique.
Quand on entend aujourd’hui des marques parler de voitures électrifiées, cela veut dire en fait deux choses : soit c’est de l’hybride rechargeable, soit c’est de l’électrique pur. Le 48 volts n’entre pas dans ce décompte. Voyons à présent les annonces. Quand Renault dit que 50 % de sa gamme sera électrifiée en 2022, cela signifie que la moitié des modèles pourra se décliner en hybride rechargeable et/ou en électrique. Pas qu’il n’y aura que de la Twingo électrique ou que de la Clio électrique. Notez à ce propos que PSA proposera lui 80 % de sa gamme dans une version électrifiée en 2023, ce qui est encore plus ambitieux.
Evidemment, cette règle est valable pour Volkswagen quand il évoque les 300 modèles électrifiés du groupe à l’horizon 2030. Ou pour BMW, quand il parle de 25 modèles en 2025.
Pour terminer, examinons le cas de Toyota. Le roi de l’hybride (plus de 11 millions de véhicules vendus dans le monde) va lui aussi passer à l’électrique. Certes, mais voici le décompte. A partir de 2025, chaque modèle de Toyota et de Lexus se déclinera dans une version électrifiée. D’ici 2030, le géant japonais annonce 5,5 millions de voitures électrifiées par an. Sur cette proportion, il n’y aura qu’un million de voitures zéro émission (à batterie ou à pile à combustible). Cela veut donc dire que l’immense majorité sera constituée de voitures hybrides, dans la même configuration qu’aujourd’hui, mais aussi hybrides rechargeables.
Rappelons pour ceux qui l’ignorent encore qu’un véhicule hybride combine un moteur thermique et un moteur électrique. Ce n’est donc pas vraiment la fin du moteur tel que nous le connaissons, même s’il sera de plus en plus systématiquement couplé à une machine électrique. Et cela ne veut pas dire non plus que Toyota va arrêter l’hybride ou encore l’hydrogène pour se concentrer uniquement sur la voiture électrique à batterie.
Comme les constructeurs opèrent sur des marchés mondiaux, ils sont donc tenus de proposer un large éventail de solutions, sachant qu’il serait de toute façon difficile de ne faire que des véhicules 100 % électriques pour des raisons évidentes d’approvisionnement. L’autre chose à prendre en compte est que toutes les prévisions qu’ont pu donner jusqu’à présent les constructeurs sur l’électrique se sont révélées fausses.