2018, année de l'hydrogène?

(Paris, le 30 décembre 2017)

Malgré un parti pris de l’Etat français en faveur de la voiture électrique à batterie, certaines initiatives laissent à penser que l’hydrogène va aussi faire parler de lui, et dès 2018.

En début d’année, le CES de Las Vegas sera l’occasion pour Hyundai de présenter son nouveau SUV à hydrogène, dont on ne connaît pas encore le nom. Ce modèle, dont l’autonomie a été augmentée, va remplacer le ix35FC (Tucson dans certains pays) qui avait été produit en présérie dès 2015. 2018 sera aussi l’année du lancement pour le GLC-FC de Mercedes, un SUV combinant une pile à combustible et une batterie rechargeable. Ce véhicule avait été dévoilé lors du dernier salon de Francfort.

Le Japon, la Corée du Sud et la Californie, et dans une moindre mesure l’Allemagne en Europe, sont les territoires les plus actifs à l’échelle de la planète pour encourager ce type d’énergie. Mais, il se passe des choses également en France.

Par exemple, Air Liquide donne un coup de pouce à la compagnie de taxis STEP, qui opère un service de taxis à hydrogène (Hype) en région parisienne. On dénombre déjà 75 taxis (de marques Hyundai et Toyota), ce qui en fait la plus grosse flotte au monde de véhicules à hydrogène. Et il y en aura 600 avant 2020. Ce cas d’usage permet de faire connaître la solution et de prouver sa pertinence (autonomie plus importante, temps de remplissage réduit à quelques minutes), sachant qu’Air Liquide construit en parallèle un réseau de stations. Le groupe a inauguré en décembre une station sur l’aéroport d’Orly, qui sera renforcé en 2018 par une station à Roissy et une autre dans l’ouest parisien, en plus de la station provisoire aménagée dans la capitale, au pont de l’Alma, du temps de la COP21.

En régions, ça bouge aussi. La région Auvergne-Rhône-Alpes va lancer le projet Zero Emission Valley (ZEV), qui va se traduire par le déploiement de 1 000 Kangoo H2 et de 20 stations à hydrogène sur le territoire. D’un budget de 70 millions d’euros, le projet va bénéficier d’une aide de 10,1 millions apportée par l’Europe. L’objectif est d’inciter des entreprises à s’équiper d’une flotte d’utilitaires électriques (avec un prolongateur d’autonomie sous forme d’une pile à combustible), plutôt qu’un véhicule diesel, la région s’engageant à payer le surcoût pour abaisser le TCO. Pour sa part, la Normandie va dévoiler en 2018 un grand plan pour l’hydrogène. On sait que 15 stations à hydrogène doivent être installées sur le territoire, certaines étant déjà opérationnelles à Rouen, ainsi qu’à Saint-Lô. D’autres collectivités avancent également, dans le prolongement de l’appel à projets Territoires Hydrogène qui a remporté un succès inattendu.  

Par ailleurs, l’hydrogène reste une option étudiée par l’industrie automobile française. C’est au sein de la PFA (Filière Automobile et Mobilités) qu’a été repris l’ancien plan de la NFI (Nouvelle France Industrielle) sur le stockage de l’énergie, porté par le CEA. Celui-ci réunit en même temps les batteries et l’hydrogène. Il est à noter d’ailleurs que si les constructeurs PSA et Renault n’y sont pas favorables pour l’instant, cela n’empêche pas les équipementiers Faurecia et Plastic Omnium d’investir et de se préparer en vue de l’émergence du marché, sachant que Michelin est le plus convaincu des acteurs de la filière (il est actionnaire de Symbio, la PME qui transforme les Kangoo ZE en véhicules à hydrogène).  

Les applications dans le domaine de la mobilité, qui se traduisent d’ores et déjà dans l’automobile, l’utilitaire, le camion (Renault Trucks a un Maxity avec range extender à hydrogène, l’américain Nikola Motors prépare un camion H2), les chariots-élévateurs, mais également le vélo et même le bateau, ne passent pas inaperçues. Elles devraient conduire de plus en plus à s’interroger sur la complémentarité entre la batterie et la pile à combustible.