Le Diesel a-t-il encore un avenir ?

(Paris, le 2 mai 2018)

Si l’on en croit l’équipementier allemand Bosch, il est possible de réduire d’un facteur 10 les émissions d’oxyde d’azote (NOx) sur les moteurs Diesel. Et ce, sans augmenter les coûts de manière significative. Cette annonce n’arrive-t-elle pas trop tard, alors que bon nombre de constructeurs semblent bien  décidés à renoncer progressivement au thermique ?

L’annonce de Bosch s’apparente en tout cas à une opération de la « dernière chance ». En marge de la présentation de ses résultats, le 25 avril à Stuttgart, l’équipementier allemand a révélé que ses ingénieurs avaient réussi à perfectionner davantage la technologie existante. Ils ont revu l’injection de carburant et d’air et travaillé aussi sur l’échappement, afin de mieux brûler les gaz et réduire ainsi de façon spectaculaire les oxydes d’azote (NOx).

Résultat : on peut diviser par 10 la pollution du Diesel mesurée lors de tests sur route. Et ce, « dans toutes les situations de conduite », assure Bosch. Selon ses calculs, un moteur qui rejette aujourd’hui 168 milligrammes de NOx par kilomètre n’émettrait plus que 13 milligrammes par kilomètre grâce au nouveau dispositif. En intégrant de l’intelligence artificielle, le moteur pourrait demain se montrer encore plus vertueux et n’avoir quasiment plus d’impact sur l’air ambiant.

« Les chiffres semblent trop beaux pour être vrais », constate Le Monde, en relatant cette avancée technologique. Pour sa part, Le Parisien estime que cette technologie inédite « redonne ses chan ces au Diesel », en rappelant toutefois qu’elle ne peut s’appliquer que sur les futurs modèles et qu’elle ne sera donc pas visible avant plusieurs années. 

Parce que le Dieselgate a laissé des traces, et que l’opinion croit – à tort ou à raison – que tout le monde triche et que tout le monde ment, il sera sans doute difficile pour Bosch de se faire entendre. Il faut dire que le groupe est l’un des acteurs clé du scandale autour du Diesel. C’est lui qui a fourni le logiciel ayant permis au groupe Volkswagen de truquer les moteurs passant des tests. Bosch est en outre soupçonné d’avoir fourni le soft à d’autres constructeurs.

Sur le terrain la chute du Diesel se poursuit. Les chiffres du CCFA pour le mois d’avril, donnent 40% de part de marché au Diesel en France sur le segment des VP, contre 47 % il y a seulement quatre mois.

Pour des raisons de coûts liés à la dépollution, et de désaffection des clients, cette motorisation sort désormais du marché sur le segment B, après avoir disparu du segment A. Plusieurs constructeurs y ont renoncé, comme Hyundai (i20), Opel (Corsa), Suzuki (Swift) ou Toyota (Yaris). Certains constructeurs, autrefois considérés comme de fervents défenseurs du Diesel, y semblent moins attachés. Ainsi, DS Automobiles – la griffe de luxe de PSA – a annoncé qu’après 2025, elle ne sortirait plus que des modèles hybrides ou électriques. Et l’hybridation se fera sans le Diesel, comme sur la DS7 Crossback qui aura une chaîne de traction hybride rechargeable couplée à un moteur à essence.